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« Au lieu de les considérer comme des réfugiés qui cherchent de l’aide, nous pouvons aussi les voir comme des personnes qui, avec leurs talents, peuvent contribuer au développement de notre économie. » Aliah Farhat, manager d’Al Majmoua À pas de bébé Tout ne s’est pas fait en un jour. Bien au contraire. Les choses ont évolué pas à pas. Et comme ils ont dû tout inventer eux-mêmes, faute d’exemples, et ne pas prendre trop de risques au niveau financier, ils ont vraiment évolué « à pas de bébé ». Ils se sont surtout concentrés sur les réfugiés susceptibles de s’installer au Liban, sur les gens avec des enfants, par exemple et ceux qui avaient déjà une petite activité. Au début, ils ont uniquement accordé des crédits de groupe. Ce n’est que lorsqu’ils ont pu s’assurer que tout se passait bien qu’ils ont commencé les emprunts individuels. Au départ, ils fonctionnaient avec des cautions données par des Libanais, mais il s’est avéré que le pourcentage de crédits non remboursés restait largement en dessous de la norme acceptée. Cette condition a donc été abandonnée. Aujourd’hui, il est clair que les risques pour l’IMF ne sont pas plus importants qu’avec des clients libanais. Les connexions sont essentielles Tout un processus est également suivi dans les formations qu’Al Majmoua dispense (consciemment) dans des groupes mixtes de Syriens et de Libanais. Citons, par exemple, la formation budgétisation dispensée à des groupes de femmes. Lors des premières sessions, on a constaté que les participantes se regroupaient en deux groupes distincts et n’échangeaient pas un mot. Ce n’est qu’après quelques séances qu’elles commencent à parler, toujours prudemment. Et elles finissent par découvrir qu’elles ont des intérêts communs et sont confrontées aux mêmes problèmes. Ce processus de découverte et de connexion est crucial. De nouvelles amitiés se créent. Et à la fin de la formation, elles forment spontanément des groupes mixtes pour demander un crédit de groupe. Exercice d’équilibre Aujourd’hui, les réfugiés représentent 15 % de la clientèle d’Al Majmoua. Et des recherches confirment que le soutien de l’institution leur est vraiment bénéfique. Ils bénéficient d’un meilleur accès à la nourriture et aux soins de santé, leurs revenus augmentent et leur loge- ment s’améliore. Ils s’intègrent également davantage. Pour l’instant, Al Majmoua s’en tient à ces 15 %. Le gouvernement et les médias regardent encore les activités de l’institution d’un œil méfiant et celle-ci ne veut pas que sa relation avec eux se détériore. Si le travail réalisé par Al Majmoua avec les Syriens venait à être qualifié de trahison, elle perdrait le soutien de la population. Or, celui-ci est crucial. Aliah Farhat : « Nous avançons donc constamment en équilibre sur un fil. Mais pas à pas - toujours avec nos pas de bébé - nous y parvenons. Et nous faisons de ce monde un endroit meilleur. » Aliah Farhat  Rapport annuel 2020 - \[ 15 \] 


































































































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